mercredi 12 octobre 2011

Francois Rouan


L'artiste est né en 1943 à Montpellier. Il y a suivi les cours de l'Ecole des Beaux-Arts. En 1961, il rejoint à Paris l'atelier de Roger Chastel. Il rencontre Claude Viallat, Joël Kermarrec, Jacques Poli, Daniel Buren, Michel Parmentier, Pierre Buraglio.



Bleu et brun sur blanc, le grand papier gouaché découpé qui ouvre l'exposition François Rouan, la découpe comme modèle date de 1967.


 Dans cette première série de travaux, entre 1965 et 1970, Rouan ne cache pas que Matisse est un père fondateur, tout comme le sont aussi le peintre américain Jackson Pollock ou le Français d'origine hongroise Simon Hantaï.

 Tous ont regardé Matisse, non pas le peintre de « la fraîche beauté du monde » mais le Matisse de la planéité absolue.


François Rouan donne ici toute la pleine mesure de son art. Dans les jeux d'épaisseur, de couleur rehaussée et gribouillée, une relation complexe évolue vers l'oblique, la fente, le tressage qui est la clé de lecture du « mille feuilles » de peinture.




Comment procède-t-il ? Deux toiles au préalable teintes ou peintes sont découpées en lanières et nattées. Leur tressage inclut un troisième terme constitué de signes et de sens. « Le motif de la croix est une résultante du processus, précise François Rouan, plutôt qu'un élément fonctionnel qui spécifie un espace de sacralité. »



L'impression du corps
Quarante ans plus tard, dans la deuxième partie de l'exposition, où en est Rouan ? Une série a été entamée à partir de l'été 2010 sur le thème de l'Odalisque Flandres, une autre en harmonie fruitée, Fleurs de coing, un film aussi où des modèles nus évoluent dans l'atelier, s'étirent, papotent, s'assoupissent, nouvelle référence directe à Matisse qui travaillait avec ses modèles « genoux contre genoux ». Le corps devient la matière du tableau, de l'empreinte photographique comme du travail vidéo.



Les couleurs ont changé : le rose, l'orangé, le fuchsia, toute une richesse picturale laisse apparaître l'expérience sensible de la présence corporelle. On retrouve la combinaison du motif décoratif puisé aux sources les plus diverses (des papiers déchirés, des points, des tirets, des hachures, des arabesques). Ces matériaux sont amalgamés, divisés par l'opération de la découpe puis recomposés par tressage, retravaillés par la couleur jusqu'à constituer un « corps ».


Cette relation du corps à la pensée ne cesse de relancer l'acte de la découpe, les thèmes du modèle et de la figure. C'est une signature dans un espace qui fait fonctionner l'esprit, du format rectangulaire au tondo. En ligne d'horizon, François Rouan maintient l'objectivité du regard. « Les adolescents disent “C'est clair”. Cela ne m'a jamais intéressé, déclare-t-il abruptement. La seule chose qui m'importe, c'est une rencontre très forte sur laquelle je puisse revenir et revenir. » Et, effectivement, dans son apparente facilité de lecture proche du « décoratif », l'art de Rouan demeure matissien : c'est l'expérience du corps lorsqu'il est en prise avec la pensée.



Website : Musée Matisse, Palais Fénelon, Le Cateau-Cambrésis

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