A l'occasion de la sortie du film de Martin Provost, qui raconte la vie tragique de Séraphine Louis, dite Séraphine de Senlis (1864-1942), le musée parisien, qui en possède huit, a décidé de montrer 17 de ses œuvres "habitées".
Cette peintre autodidacte a créé un univers fantasmagorique de bouquets de fleurs, de fruits et de feuilles.
L'arbre de vie |
"Elle disait: 'Mon geste vient d'en Haut'. C'est une artiste habitée, par la Vierge, par la nature, les arbres, les fleurs. Elle n'a pas d'influence, c'est une œuvre unique en soi", explique Olivier Lorquin, directeur du musée et commissaire de l'exposition avec son frère Bertrand Lorquin.
Les marguerites |
Ses premières toiles, des natures mortes de petite taille, tombent par hasard dans les mains du collectionneur allemand Wilhelm Uhde, ami de Braque et de Picasso, qui loue un appartement à Senlis et chez qui elle fait le ménage. Surpris par l'intensité qui s'en dégage, il y voit l'expression du primitivisme moderne et l'encourage à peindre.
Pendant la Première guerre mondiale, Wilhelm Uhde doit fuir la France, après avoir vu sa collection saisie et Séraphine tombe dans la misère. Il la retrouve, à son retour en 1927, et lui organise des exposition, faisant entrer dans l'histoire des œuvres qui auraient sans doute été oubliées. Mais Séraphine tombe peu à peu dans la folie.
De Séraphine Louis, morte en 1942 dans un hôpital psychiatrique, il reste 70 à 80 toiles, dispersées entre le musée Maillol, le musée d'art naïf à Nice et le musée d'art de Senlis notamment.
Grappe de raison |
Elle est née la même année que Camille Claudel. Elle vécut, et mourut de faim, comme Camille ses derniers jours dans un asile psychiatrique, le 11 décembre 1942 dans une petite cellule. Terrassée par des dose massives de tranquillisants assénés depuis dix ans ! Après sa mort, personne ne vint réclamer son corps. Elle fut donc enterrée dans une fosse commune. Aujourd'hui, dans le cimetière de Clermont de l'Oise, on ne connaît même pas l'emplacement de cette fosse. "Comme on ignore encore aujourd'hui le lieu de la sépulture de Camille Claudel.
La plupart des toiles exposées à Maillol datent de la même époque, de la fin des années 1920. De grands bouquets de fleurs, de feuilles aux formes parfois fantastiques, qui s'animent sous nos yeux, semblant frémir dans le vent.
La "matière" des oeuvres de Séraphine est unique. On la reconnait sans mal, comme on reconnait la "pâte" et la patte de Van Gogh.
Nul ne pourra la reproduire.
L'artiste était jalouse de ses préparations dont elle gardait le secret. Elle pouvait utiliser de la peinture industrielle, comme du Ripolin, et des mélanges de couleurs et de laque.
Ce tableau de feuilles part de la terre avec ce vase de roches en fusion, ce volcan qui projette les feuilles qui tournoient et relient dans leur mouvement le ciel et la terre.
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